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Matières premières octobre 2025 : Cuivre et lithium, les métaux de la transition à la croisée des chemins

Le cuivre et le lithium, indispensables à la transition énergétique, traversent des trajectoires opposées. Analyse des fondamentaux et perspectives d'investissement sur ces matières premières stratégiques.

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Matières premières octobre 2025 : Cuivre et lithium, les métaux de la transition à la croisée des chemins

Matières premières octobre 2025 : Cuivre et lithium, les métaux de la transition à la croisée des chemins

Les matières premières essentielles à la transition énergétique connaissent des fortunes diverses en octobre 2025. Alors que le cuivre affiche une résilience remarquable autour de 9 200 dollars la tonne, le lithium poursuit sa dégringolade, s'échangeant à environ 12 000 dollars la tonne de carbonate de lithium, soit une chute de 75% depuis son pic de 2022. Ces trajectoires divergentes racontent l'histoire complexe de la transition énergétique mondiale.

Le cuivre : la pénurie structurelle se profile

Le cuivre, souvent surnommé "Dr Copper" pour sa capacité à anticiper les cycles économiques, affiche une santé robuste qui intrigue les analystes. Malgré un contexte macroéconomique incertain et un ralentissement de la construction immobilière chinoise (traditionnellement le plus gros consommateur de cuivre), les prix se maintiennent à des niveaux élevés.

Cette résilience s'explique par un déséquilibre structurel entre l'offre et la demande qui s'aggrave. Du côté de la demande, la transition énergétique crée des besoins exponentiels. Un véhicule électrique contient en moyenne 80 kilogrammes de cuivre, contre 20 à 25 kg pour un véhicule thermique. Une éolienne offshore nécessite 8 à 15 tonnes de cuivre. Les infrastructures de recharge, les réseaux électriques modernisés, et les datacenters pour l'IA multiplient les applications gourmandes en cuivre.

Selon les prévisions de l'Agence Internationale de l'Énergie, la demande mondiale de cuivre devrait augmenter de 40% d'ici 2030 pour atteindre environ 35 millions de tonnes par an. Cette croissance, concentrée sur moins d'une décennie, contraste avec les cycles historiques beaucoup plus lents.

Le problème de l'offre : des mines qui tardent à venir

Le véritable défi du cuivre réside dans l'offre. Développer une nouvelle mine de cuivre prend 10 à 15 ans entre la découverte du gisement et la production commerciale. Or, le nombre de nouveaux projets miniers lancés ces dernières années est insuffisant pour combler le déficit anticipé.

Ensuite, les réglementations environnementales se durcissent partout dans le monde, allongeant les délais d'obtention des permis et augmentant les coûts de conformité. Au Chili, premier producteur mondial avec environ 28% de la production globale, l'accès à l'eau devient un enjeu critique dans le désert d'Atacama, forçant les miniers à investir dans des usines de dessalement coûteuses.

Enfin, les populations locales et les ONG environnementales s'opposent de plus en plus fermement aux nouveaux projets miniers. Au Pérou, au Panama, et en Argentine, plusieurs projets majeurs ont été bloqués ou retardés par des manifestations et des recours juridiques. Cette "licence sociale" difficile à obtenir crée une incertitude majeure pour les investisseurs.

Les acteurs miniers du cuivre : des valorisations attractives

Cette tension structurelle sur le marché du cuivre devrait logiquement profiter aux miniers établis. Freeport-McMoRan, le plus gros producteur américain (coté environ 42 dollars), BHP Group, géant australien diversifié (45 dollars), et Glencore, groupe suisse présent sur toute la chaîne (450 pence à Londres), offrent des expositions directes au cuivre avec des valorisations relativement modestes.

Ces sociétés se négocient généralement entre 6 et 10 fois leurs bénéfices prévisionnels, des multiples qui semblent décotés compte tenu des perspectives long terme du cuivre. De plus, beaucoup distribuent des dividendes généreux, avec des rendements de 4 à 6%, offrant un coussin de sécurité en attendant que les fondamentaux se reflètent dans les cours.

Le risque principal pour ces miniers reste la Chine. Si l'économie chinoise décrochait plus sévèrement que prévu, la demande de cuivre pourrait chuter à court terme, même si les besoins structurels liés à la transition énergétique persisteraient. Les investisseurs doivent donc accepter une certaine volatilité, caractéristique du secteur des matières premières.

Le lithium : du boom à l'effondrement

Le contraste avec le lithium est saisissant. Après avoir atteint des sommets stratosphériques à 80 000 dollars la tonne de carbonate de lithium en novembre 2022, les prix se sont effondrés à environ 12 000 dollars aujourd'hui. Cette chute de 85% a ravagé les valorisations des producteurs de lithium et provoqué l'annulation ou le report de nombreux projets d'expansion.

Que s'est-il passé ? Fondamentalement, l'offre de lithium a augmenté beaucoup plus rapidement que la demande. En réponse aux prix élevés de 2022-2023, de nombreux producteurs ont accéléré leurs développements. L'Australie, premier producteur mondial, a vu sa production bondir de 40% en deux ans. Le Chili et l'Argentine ont également augmenté leurs volumes.

Parallèlement, la demande a déçu. La croissance des ventes de véhicules électriques, bien que positive, a ralenti par rapport aux prévisions très optimistes de 2021-2022. En Chine, la saturation du marché urbain et la réduction des subventions ont freiné les achats. En Europe, les consommateurs hésitent face aux prix élevés et à l'autonomie encore limitée des VE de milieu de gamme.

De plus, les progrès technologiques réduisent la quantité de lithium nécessaire par batterie. Les nouvelles chimies de batteries (LFP - lithium-fer-phosphate) utilisent moins de lithium que les batteries NCM (nickel-cobalt-manganèse). Tesla et BYD, les deux plus gros fabricants de VE, ont massivement adopté les batteries LFP pour leurs modèles d'entrée et de milieu de gamme.

Les producteurs de lithium en difficulté

Pour les entreprises minières spécialisées dans le lithium, la situation est critique. Albemarle (action autour de 90 dollars, -60% depuis 2022) et SQM (10 dollars, -70%) voient leurs marges s'évaporer. Beaucoup de producteurs à coût élevé, notamment en Australie, perdent de l'argent à ces niveaux de prix et ont dû réduire leur production ou mettre en maintenance certaines mines.

Les projets d'expansion ont été massivement reportés. Lithium Americas, qui développait le projet Thacker Pass au Nevada, a ralenti son calendrier. De nombreux projets de saumures en Argentine et au Chili, qui nécessitent des investissements de plusieurs milliards de dollars, sont en pause, les investisseurs refusant de financer des capacités qui seraient excédentaires.

Cette destruction de valeur crée toutefois une opportunité pour les investisseurs contrarians. Le lithium reste indispensable à la transition énergétique, et le consensus s'accorde sur une reprise de la demande à moyen terme. Le point bas des prix pourrait être proche, d'autant que les coûts de production moyens se situent autour de 10 000-15 000 dollars la tonne. En dessous de ces niveaux, l'offre marginale (les mines les moins rentables) disparaît, créant un plancher de prix naturel.

La géopolitique des matières premières critiques

Au-delà des fondamentaux d'offre et de demande, la dimension géopolitique devient centrale pour ces matières premières qualifiées de "critiques". Les États-Unis, l'Europe, et d'autres pays cherchent à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Chine, qui raffine environ 70% du lithium mondial et contrôle une partie significative des chaînes d'approvisionnement du cuivre.

Cette volonté de sécurisation des approvisionnements se traduit par des politiques industrielles volontaristes. L'Inflation Reduction Act américain subventionne massivement l'extraction et le raffinage domestique de lithium, cobalt, nickel, et autres métaux critiques. L'Europe, via le Critical Raw Materials Act, vise à produire 10% de ses besoins en matières critiques d'ici 2030 et à en raffiner 40%.

Ces politiques créent des opportunités d'investissement pour les projets situés dans des juridictions "amies". Un projet de lithium au Nevada ou au Québec bénéficiera de subventions et de contrats d'approvisionnement garantis, réduisant le risque financier. À l'inverse, les projets situés dans des pays politiquement instables ou alignés avec la Chine feront face à plus de difficultés pour trouver des financements et des clients occidentaux.

Le recyclage : une source croissante mais insuffisante

Le recyclage des batteries et des déchets électroniques émerge comme une source complémentaire de cuivre et de lithium. Les entreprises comme Redwood Materials (fondée par l'ex-CTO de Tesla) et Li-Cycle construisent des usines de recyclage de batteries à grande échelle.

Cependant, le recyclage ne sera pas la panacée à court terme. Les batteries de véhicules électriques ont une durée de vie de 10 à 15 ans. Les premiers VE vendus en masse datent de 2015-2017, ce qui signifie que les volumes de batteries en fin de vie resteront modestes jusqu'à la fin des années 2020. D'ici là, la croissance explosive de la demande nécessitera une production minière primaire massive.

Pour le cuivre, le recyclage représente déjà environ 30% de l'offre mondiale, un niveau difficile à augmenter significativement. Les déchets de cuivre (câbles, tuyaux, composants électroniques) sont déjà largement recyclés car le cuivre conserve bien sa valeur. Les gains marginaux viendront de l'amélioration de la collecte dans les pays en développement, mais les volumes resteront limités face à l'augmentation de la demande.

Stratégies d'investissement sur ces matières premières

Pour les investisseurs souhaitant s'exposer à ces matières premières, plusieurs options existent. L'investissement direct via des ETF sur les commodities (comme le United States Copper Index Fund ou des ETFs lithium) offre une exposition pure au prix du métal, mais avec des frais de gestion et le risque de contango (coût de renouvellement des contrats futures).

L'investissement dans les miniers offre un effet de levier : quand les prix des métaux montent, les marges et donc les bénéfices des producteurs explosent. Cependant, cet effet de levier joue aussi à la baisse, créant une volatilité élevée. Une approche diversifiée, combinant plusieurs producteurs de tailles et géographies différentes, réduit les risques spécifiques.

Pour le cuivre, privilégier les producteurs à faible coût avec des réserves long terme et une bonne gouvernance (BHP, Rio Tinto, Southern Copper). Pour le lithium, la prudence reste de mise, mais les leaders comme Albemarle ou SQM, fortement décotés, pourraient représenter des opportunités pour les investisseurs patients acceptant la volatilité.

Enfin, les investisseurs ESG devraient examiner attentivement les pratiques environnementales et sociales des miniers. L'extraction minière est intrinsèquement impactante, mais certaines entreprises font des efforts significatifs (gestion de l'eau, relations avec les communautés locales, réhabilitation des sites), tandis que d'autres ont des bilans déplorables.

Conclusion : des fondamentaux long terme solides malgré les turbulences

Le cuivre et le lithium, malgré leurs trajectoires récentes divergentes, partagent un point commun : ils sont indispensables à la transition énergétique. Les turbulences actuelles - pénurie structurelle pour le cuivre, surabondance temporaire pour le lithium - créent des opportunités d'investissement pour ceux qui savent regarder au-delà des fluctuations à court terme.

La patience et la sélectivité seront clés. Ces matières premières ne suivront pas des trajectoires linéaires, et des corrections violentes pourront survenir. Mais pour des investisseurs avec un horizon de 5 à 10 ans, s'exposer aux métaux de la transition énergétique via des producteurs de qualité semble être un pari raisonnable sur l'avenir.

FAQ

Le cuivre peut-il vraiment entrer en pénurie structurelle ?

Oui, les prévisions de déficit entre l'offre et la demande d'ici 2030 sont largement partagées. Les prix pourraient monter significativement pour stimuler l'offre.

Le lithium va-t-il rester bas longtemps ?

Probablement jusqu'à fin 2025 / début 2026. La reprise dépendra de l'accélération des ventes de VE et de la fermeture des mines non rentables.

Est-ce le moment d'acheter des miniers de lithium ?

Pour les investisseurs contrarians avec un horizon long, peut-être. Mais le couteau continue de tomber, et la prudence impose d'attendre des signes de stabilisation des prix.

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