Marché immobilier français octobre 2025 : La baisse des taux crée-t-elle vraiment un rebond ?
Le marché immobilier français traverse une période de transition délicate en octobre 2025. Après deux années difficiles marquées par la remontée brutale des taux d'intérêt et l'effondrement des volumes de transactions, les premiers signes de stabilisation apparaissent, sans pour autant annoncer le rebond tant attendu par les professionnels du secteur.
Les taux de crédit : une détente bienvenue mais insuffisante
La baisse des taux directeurs de la BCE, amorcée en juin 2024 et poursuivie en 2025, commence enfin à se répercuter sur les taux de crédit immobilier. Selon les données de l'Observatoire Crédit Logement, le taux moyen des crédits immobiliers s'établit désormais à 3,45% en octobre 2025, contre 4,2% un an plus tôt et un pic de 4,5% atteint fin 2023.
Cette baisse de près d'un point de pourcentage représente une économie substantielle pour les emprunteurs. Sur un crédit de 250 000 euros sur 25 ans, la mensualité passe d'environ 1 370 euros à 1 250 euros, soit 120 euros d'économie mensuelle. Pour beaucoup de ménages, c'est la différence entre un dossier refusé et un dossier accepté.
Cependant, cette amélioration doit être mise en perspective. Les taux actuels restent bien supérieurs aux niveaux de 2021-2022, où il était possible d'emprunter à moins de 1,5%. Plus problématique encore, les critères d'octroi des crédits se sont durcis. Le taux d'endettement maximal de 35% (charges de crédit comprises) reste strictement appliqué par les banques, limitant la capacité d'emprunt de nombreux ménages.
Les prix : une correction lente et inégale
L'évolution des prix immobiliers révèle des disparités géographiques marquées. À Paris, les prix au mètre carré ont reculé d'environ 7% depuis leur pic de mi-2022, s'établissant autour de 10 200 euros le mètre carré selon les notaires. Cette correction, bien réelle, reste toutefois modérée par rapport aux craintes de krach exprimées il y a deux ans.
Les grandes métropoles régionales affichent des trajectoires contrastées. Lyon et Bordeaux connaissent des baisses de l'ordre de 5 à 8%, tandis que Toulouse et Nantes résistent mieux avec des reculs limités à 3-4%. Cette résilience s'explique par des fondamentaux solides : croissance démographique, attractivité économique, et offre limitée de logements neufs.
En revanche, certaines zones périurbaines et les petites villes ont vu leurs prix chuter plus brutalement, parfois de 15 à 20%. Ces secteurs, qui avaient connu une forte inflation durant la période Covid (exode urbain, recherche d'espace), subissent maintenant un retour de balancier. Les acheteurs redécouvrent les inconvénients de l'éloignement : coûts de transport élevés, services moins accessibles, revente plus difficile.
Les volumes de transactions : la léthargie persiste
Le véritable drame du marché immobilier français en 2024-2025, ce ne sont pas tant les prix que les volumes. Selon les projections basées sur les données des notaires, le nombre de transactions devrait atteindre environ 850 000 en 2025, contre un million en année normale. C'est une baisse de 15% qui pénalise toute la filière : agents immobiliers, notaires, artisans du bâtiment.
Cette atonie s'explique par un phénomène de blocage psychologique. Les vendeurs, qui ont acheté récemment à des prix élevés ou qui ont en mémoire les valorisations de 2021-2022, rechignent à baisser leurs prix. De leur côté, les acheteurs potentiels, échaudés par la volatilité récente et inquiets pour l'économie, adoptent une attitude attentiste.
Le résultat est un marché où les biens se vendent lentement. Le délai moyen de vente, qui était de 60 jours en 2021, atteint désormais 90 à 100 jours dans la plupart des grandes villes. Certains vendeurs peu motivés retirent simplement leur bien de la vente plutôt que d'accepter une décote significative.
Le neuf : un secteur en grande difficulté
Le marché du logement neuf traverse une crise profonde qui inquiète au plus haut niveau de l'État. Les mises en chantier de logements neufs ont chuté de 30% en 2024, et la tendance se poursuit en 2025. À ce rythme, la France ne construit que 300 000 logements neufs par an, alors que les besoins structurels sont estimés à 400 000-450 000 pour répondre à la croissance démographique.
Cette crise du neuf s'explique par une conjonction de facteurs défavorables. D'abord, les coûts de construction ont explosé, augmentant de 20 à 25% en deux ans en raison de l'inflation sur les matériaux et la main-d'œuvre. Ensuite, les normes environnementales de plus en plus strictes (RE2020, bilan carbone) renchérissent les projets. Enfin, le financement est devenu plus difficile pour les promoteurs eux-mêmes, les banques étant plus frileuses.
Les conséquences à moyen terme sont préoccupantes. Une offre insuffisante de logements neufs maintiendra la pression sur les prix, empêchant la correction nécessaire pour restaurer l'accessibilité. De plus, les objectifs de transition énergétique risquent d'être compromis, les logements neufs étant beaucoup plus performants que l'ancien.
Le gouvernement a annoncé plusieurs mesures de soutien : prolongation du PTZ (Prêt à Taux Zéro) jusqu'en 2027, défiscalisation renforcée pour l'investissement locatif dans le neuf, et assouplissement de certaines normes. Mais ces dispositifs peinent à compenser l'effet combiné des taux élevés et des coûts de construction.
L'investissement locatif : un calcul devenu complexe
Pour les investisseurs, l'immobilier locatif français présente aujourd'hui un visage ambivalent. D'un côté, les rendements locatifs bruts se sont légèrement améliorés, la baisse des prix ayant été plus rapide que celle des loyers. Dans certaines villes moyennes, on peut désormais trouver des rendements bruts de 5 à 6%, contre 4 à 4,5% il y a deux ans.
D'un autre côté, la fiscalité et la réglementation s'alourdissent. La loi « Climat et Résilience » impose désormais des calendriers stricts de mise aux normes énergétiques : interdiction de louer les passoires thermiques (DPE G en 2025, F en 2028, E en 2034). Pour beaucoup de propriétaires de logements anciens, cela implique des travaux de rénovation coûteux qui grèvent la rentabilité.
Les dispositifs de défiscalisation (Pinel, Denormandie) ont été prolongés mais avec des conditions plus strictes et des avantages fiscaux réduits. Le message du gouvernement est clair : l'immobilier locatif reste encouragé, mais à condition de contribuer aux objectifs environnementaux et sociaux (construction dans les zones tendues, loyers maîtrisés, performance énergétique).
Dans ce contexte, l'investissement locatif devient plus sélectif. Les emplacements premium (grandes villes, quartiers recherchés) restent attractifs malgré des rendements plus faibles, car ils offrent une liquidité et une résilience supérieures. Les villes moyennes dynamiques (Rennes, Angers, Nîmes) attirent également l'attention des investisseurs avisés cherchant le meilleur compromis rendement/risque.
Les primo-accédants : entre espoir et frustration
Pour les primo-accédants, c'est-à-dire ceux qui achètent leur premier logement, la situation reste difficile malgré les améliorations récentes. Certes, les prix ont baissé et les taux aussi, mais l'accès au crédit reste contraint par les critères bancaires stricts.
Un couple de jeunes actifs gagnant 4 500 euros nets mensuels à deux peut emprunter environ 210 000 euros sur 25 ans au taux actuel de 3,45%. Avec un apport de 30 000 euros, cela donne un budget total de 240 000 euros, frais de notaire compris. Dans de nombreuses grandes villes, ce montant ne suffit plus pour acheter un appartement de 3 pièces bien situé.
Résultat : de nombreux primo-accédants doivent faire des compromis. Soit ils s'éloignent des centres-villes pour trouver des prix accessibles, au risque d'augmenter leurs coûts de transport et leur temps de trajet. Soit ils achètent plus petit que souhaité, en espérant revendre quelques années plus tard pour monter en gamme.
Perspectives : quelle trajectoire pour 2026 ?
Cependant, un rebond spectaculaire des prix semble peu probable. Les fondamentaux (pouvoir d'achat contraint, prudence des banques, offre locative concurrente) plaideront pour une évolution modérée. Le scénario le plus probable est celui d'une stabilisation des prix en 2026, voire d'une légère hausse de 2 à 3% dans les zones les plus tendues.
Le marché devrait progressivement retrouver des volumes de transactions plus normaux, autour de 950 000 en 2026, soit une hausse de 10% par rapport à 2025. Cette reprise sera toutefois lente et graduelle, loin du boom des années 2019-2021.
Stratégie pour les investisseurs et acheteurs
Pour ceux qui envisagent un achat immobilier fin 2025 ou début 2026, plusieurs stratégies méritent considération. Pour les primo-accédants sans urgence absolue, attendre encore 6 à 12 mois pourrait permettre de bénéficier de taux encore plus bas et d'une offre plus abondante, les vendeurs devenant progressivement plus réalistes sur les prix.
Pour les investisseurs locatifs, le moment peut être opportun pour cibler des biens décotés nécessitant des travaux de rénovation énergétique, en profitant des aides MaPrimeRénov' et des éco-prêts à taux zéro. Ces biens, aujourd'hui difficiles à financer et à louer, deviendront des actifs valorisés une fois rénovés.
Enfin, pour ceux qui possèdent déjà un bien et envisagent de vendre, l'année 2026 pourrait offrir une fenêtre de sortie intéressante si le marché se stabilise. Vendre trop tôt dans un marché encore déprimé pourrait conduire à des regrets, tandis qu'attendre un hypothétique retour aux prix de 2021-2022 relève probablement de l'illusion.
Conclusion : un marché en mutation structurelle
Le marché immobilier français de 2025-2026 ne ressemblera jamais tout à fait à celui des années 2010-2020. Les taux ultra-bas et le crédit facile appartiennent au passé. La transition énergétique impose de nouvelles contraintes. Et les comportements des acheteurs évoluent, avec une attention croissante portée à la qualité de vie, à l'accessibilité des transports, et à la performance énergétique.
Cette mutation n'est pas nécessairement négative. Un marché plus équilibré, où les prix reflètent davantage les fondamentaux économiques que la spéculation, est souhaitable à long terme. Pour les investisseurs avisés, cette période de transition offre des opportunités pour ceux qui savent identifier les segments porteurs et faire preuve de patience.
FAQ
Est-ce le bon moment pour acheter en octobre 2025 ?
Si vous avez trouvé le bien idéal à un prix acceptable et que vous avez la capacité de financement, oui. Attendre ne garantit pas de meilleures conditions.
Les prix vont-ils encore baisser ?
Dans certaines zones (périurbain, villes moyennes en déclin), oui. Dans les grandes métropoles, la baisse semble largement terminée.
La rénovation énergétique est-elle vraiment rentable ?
Elle est surtout nécessaire si vous souhaitez louer (obligations légales). La rentabilité pure est variable selon les travaux et les aides obtenues.