Inflation France octobre 2025 : ce que disent vraiment les chiffres de l'INSEE
La publication de l’INSEE pour le mois d’octobre 2025 confirme un régime d’inflation où les biens industriels se normalisent, tandis que les services restent le noyau dur. Pour l’investisseur, l’enjeu est d’anticiper la réaction des taux, de jauger la sensibilité des secteurs domestiques et d’ajuster l’exposition actions/obligations en conséquence.
Services vs biens : deux mondes qui coexistent
La baisse des prix des biens durables (électronique, ameublement) se poursuit, aidée par des chaînes d’approvisionnement plus fluides et un euro plus stable. À l’inverse, les services (loyers, santé, restauration, assurance) restent le principal moteur de l’inflation sous-jacente. Cette dichotomie explique pourquoi l’inflation globale décélère, mais plus lentement que prévu par le consensus.
Énergie : volatilité contenue mais toujours influente
Les tarifs énergétiques demeurent un facteur de bruit à court terme. Les contrats à terme sur le gaz restent inférieurs aux pics 2022, mais la sensibilité aux tensions géopolitiques impose de la prudence. Pour le trader obligataire, la clé est d’observer les anticipations d’inflation implicites (breakevens) : une hausse rapide sans choc de croissance est souvent une opportunité de vendre le bêta obligataire et de préférer le crédit court.
Salaire réel et pouvoir d’achat : impact sur la consommation
La progression des salaires nominaux reste positive mais se heurte à l’inflation des services. En d’autres termes, le « salaire réel » s’améliore lentement, soutenant une consommation plus sélective. Les acteurs du retail souffrent si leur pricing power est limité, alors que les marques premium et les acteurs avec abonnements (logiciels, télécoms) montrent plus de résilience.
Marchés : trois conséquences opérationnelles
- Obligations d’État françaises : privilégier un allongement graduel de duration si l’inflation cœur décélère, tout en gardant des couvertures contre les chocs énergie.
- Actions domestiques : favoriser les modèles à marges stables et flux récurrents ; éviter les bilans trop levierisés si les taux réels restent élevés.
- EUR/USD : un régime d’inflation des services en France/zone euro, couplé à une Fed plus patiente, est compatible avec un euro légèrement mieux orienté à moyen terme.
Stratégie pour le mois à venir
Face à une inflation qui recule lentement, la BCE peut prolonger une posture d’attente. Cela réduit la probabilité de chocs directionnels sur les taux à court terme et favorise les stratégies de portage. Sur actions, la sélection de titres (stock picking) prime : qualité, visibilité, faible intensité capitalistique.
Conclusion
Le rapport d’inflation d’octobre 2025 en France n’est pas un game changer, mais il précise le terrain de jeu : une normalisation incomplète, des services persistants et des marges sous surveillance. La bonne réponse n’est pas d’anticiper la prochaine décimale, mais d’orchestrer un positionnement robuste et flexible.