Or octobre 2025 : Entre refuge et spéculation, où se placer ?
L'or traverse en cette mi-octobre 2025 une période fascinante où se mêlent demande structurelle des banques centrales, appétit des investisseurs particuliers, et spéculation des fonds sur les marchés à terme. Comprendre cette dynamique complexe est essentiel pour qui veut trader le métal jaune efficacement.
Le contexte : pourquoi l'or reste sous les projecteurs
Contrairement aux années où l'or évoluait dans l'indifférence relative, la période actuelle se caractérise par un intérêt soutenu de multiples acteurs du marché. Les raisons sont multiples et se renforcent mutuellement.
D'abord, les banques centrales, notamment celles des pays émergents, continuent d'accumuler de l'or physique pour diversifier leurs réserves. Cette tendance, amorcée il y a plusieurs années, ne montre aucun signe d'essoufflement. La Chine, l'Inde, la Turquie, et plusieurs banques centrales d'Asie centrale poursuivent leurs achats réguliers. Ces flux ne sont pas spéculatifs : ils reflètent une demande structurelle qui soutient le marché.
Ensuite, les incertitudes géopolitiques persistantes maintiennent l'attrait de l'or comme valeur refuge. Qu'il s'agisse des tensions au Moyen-Orient, des relations complexes entre grandes puissances, ou des questionnements sur la stabilité du système monétaire international, l'or conserve son statut d'assurance ultime.
Enfin, dans un environnement où l'inflation reste présente dans l'esprit des investisseurs même si elle a baissé par rapport aux pics récents, l'or représente une protection contre l'érosion du pouvoir d'achat des monnaies fiduciaires.
Les différentes façons d'investir sur l'or
Le marché de l'or offre une palette d'instruments adaptés à différents profils et objectifs. Comprendre leurs spécificités est crucial pour choisir l'approche la plus cohérente avec sa stratégie.
L'or physique : la possession tangible
Acheter des pièces ou des lingots reste l'option privilégiée par ceux qui recherchent avant tout la sécurité et la tangibilité. Cette approche comporte des avantages indéniables : pas de risque de contrepartie, possession réelle, et satisfaction psychologique de détenir un actif millénaire.
Les inconvénients ne sont pas négligeables. Il faut gérer le stockage, soit chez soi (avec les risques associés), soit dans un coffre bancaire (avec les frais). La liquidité est moindre qu'avec les instruments financiers : revendre demande du temps et génère des frais. Enfin, l'or physique ne permet évidemment pas de trader activement.
Les ETF sur l'or : la simplicité du papier
Les ETF adossés à de l'or physique combinent la facilité du trading d'actions avec l'exposition au métal. On achète et vend en quelques clics, la liquidité est excellente, et les frais sont généralement très compétitifs. C'est l'option idéale pour qui veut s'exposer à l'or sans les contraintes du physique.
Le point à vérifier : tous les ETF ne sont pas créés égaux. Certains détiennent réellement de l'or en coffres, d'autres utilisent des dérivés. Pour une exposition pure, privilégier les ETF physiques de grandes institutions reconnues.
Les CFD et futures : l'effet de levier
Pour le trading actif avec des horizons courts, les CFD sur l'or ou les contrats futures permettent d'utiliser l'effet de levier. On peut prendre des positions significatives avec un capital limité, ce qui amplifie les gains potentiels mais aussi les pertes.
Cette approche demande de l'expérience et une gestion des risques rigoureuse. Les mouvements de l'or peuvent être brutaux, et l'effet de levier transforme rapidement une petite erreur de timing en perte conséquente. À réserver aux traders expérimentés et disciplinés.
Les actions minières : l'exposition amplifiée
Les sociétés minières aurifères offrent une exposition indirecte à l'or, souvent avec un effet de levier opérationnel. Quand le prix de l'or monte, leurs marges s'améliorent plus vite que proportionnellement, ce qui booste leurs profits et souvent leur cours d'action.
L'envers de la médaille : ces sociétés comportent des risques propres (gestion, politique dans les pays d'exploitation, coûts de production, réserves). Une compagnie minière peut sous-performer même si l'or monte, si sa gestion est défaillante ou si elle fait face à des problèmes opérationnels.
Lire le marché de l'or : les indicateurs qui comptent
Trader l'or efficacement nécessite de suivre plusieurs variables qui influencent son prix, souvent de manière interconnectée.
Le dollar américain : la corrélation inverse
L'or est coté en dollars, et il existe une corrélation négative historique forte entre les deux. Quand le dollar se renforce, l'or tend à baisser, et inversement. Cette relation n'est pas mécanique à 100%, mais elle constitue un guide précieux.
Concrètement, suivre l'indice DXY (qui mesure la force du dollar face à un panier de devises) permet d'anticiper les pressions sur l'or. Un dollar qui monte face à l'euro, au yen, et aux autres devises créera probablement un vent contraire pour le métal jaune.
Les taux d'intérêt réels
L'or ne verse pas de dividendes ni d'intérêts. Son coût d'opportunité augmente donc quand les taux d'intérêt réels (taux nominaux moins inflation) sont élevés. Inversement, quand les taux réels sont bas ou négatifs, l'or devient plus attractif.
Observer les taux des obligations gouvernementales américaines, notamment les TIPS (Treasury Inflation-Protected Securities) qui reflètent les taux réels, donne des indications sur l'environnement favorable ou non pour l'or.
Les flux des ETF et le positionnement des fonds
De même, le rapport COT (Commitments of Traders) publié chaque semaine par la CFTC américaine révèle le positionnement des différentes catégories de participants sur les futures de l'or. Quand les fonds spéculatifs sont très longs (positions acheteuses élevées), le marché peut être suracheté et vulnérable à une correction. L'inverse est vrai quand ils sont très courts.
Stratégies de trading selon votre profil
L'investisseur long terme : accumulation progressive
Si votre objectif est de détenir de l'or comme une partie de votre allocation d'actifs sur plusieurs années, la stratégie la plus simple et souvent la plus efficace consiste à accumuler progressivement, par exemple via un plan d'achat régulier (comme un DCA - Dollar Cost Averaging).
Cette approche a le mérite de lisser les points d'entrée et de réduire le risque de rentrer massivement au plus haut. L'or connaît des cycles, et personne ne peut vraiment prédire le timing parfait. En achetant un peu chaque mois ou chaque trimestre, on moyenne son prix d'entrée.
Le trader moyen terme : les vagues et consolidations
Pour celui qui cherche à profiter des mouvements significatifs sur quelques semaines ou mois, l'approche consiste à identifier les phases de consolidation pour entrer, et les phases d'extension pour alléger ou prendre des profits partiels.
Le day trader : volatilité et catalyseurs
Pour le trading intraday sur l'or, les sessions où la liquidité et la volatilité sont maximales se situent lors de la superposition des marchés européens et américains. C'est à ces moments que les publications économiques américaines tombent, créant des mouvements exploitables.
Les chiffres d'emploi américains, l'inflation CPI, les décisions de la Fed, sont des catalyseurs majeurs. Le trader actif se positionne avant ces événements ou trade la réaction immédiate, en étant conscient que les premiers mouvements peuvent être erratiques avant qu'une direction claire émerge.
Les erreurs classiques qui coûtent cher
Confondre investissement refuge et trading spéculatif
L'or peut servir les deux objectifs, mais pas avec les mêmes instruments ni le même état d'esprit. Vouloir trader activement son or refuge avec de l'effet de levier est une erreur conceptuelle qui mène souvent à la catastrophe. De même, détenir uniquement de l'or physique alors qu'on cherche à spéculer sur des variations de court terme n'a pas de sens.
Négliger le coût de portage
Que ce soit les frais de stockage pour le physique, les frais de gestion pour les ETF, ou les frais de financement overnight pour les CFD, tous ces coûts s'accumulent. Sur une position de long terme, ils peuvent grignoter significativement la performance. Il faut en tenir compte dans ses calculs de rentabilité.
Suivre aveuglément la corrélation dollar
Bien que forte, la corrélation inverse or-dollar n'est pas absolue. Il arrive que les deux montent ensemble (en cas de stress systémique majeur par exemple) ou baissent ensemble. Se reposer uniquement sur cette relation sans analyser le contexte plus large peut conduire à des erreurs de jugement.
Sous-estimer la volatilité
Les niveaux techniques à surveiller actuellement
Les moyennes mobiles de long terme (200 jours par exemple) servent de repère pour évaluer la tendance de fond. Tant que le prix reste au-dessus, la tendance est considérée comme haussière, et inversement.
Construire sa routine de suivi du marché de l'or
Pour ne pas se laisser submerger par le flux d'informations, une routine structurée aide à rester concentré sur ce qui compte vraiment.
Matin : revue des actualités et des flux
Consulter les nouvelles économiques et géopolitiques majeures de la nuit (surtout en Asie et au Moyen-Orient), vérifier les flux des ETF si disponibles, regarder comment l'or a évolué pendant la séance asiatique.
Mi-journée européenne : positionnement avant Wall Street
Évaluer son exposition avant l'ouverture américaine, resserrer les stops si nécessaire, identifier les publications économiques US à venir dans la séance.
Fin de journée : analyse et préparation du lendemain
FAQ
L'or est-il un bon investissement en période d'inflation ?
Historiquement oui, mais ce n'est pas automatique. L'or protège du pouvoir d'achat sur le très long terme, mais sur des périodes courtes, d'autres facteurs (dollar, taux réels) peuvent dominer.
Combien d'or faut-il détenir dans un portefeuille ?
Les recommandations classiques varient entre 5% et 15% selon les profils. C'est une diversification, pas le cœur du portefeuille pour la plupart des gens.
L'or peut-il perdre de la valeur ?
Oui, absolument. L'or a connu plusieurs marchés baissiers sévères dans son histoire. Ce n'est pas un actif à sens unique, même s'il conserve sa valeur sur le très long terme.
Vaut-il mieux acheter de l'or quand les marchés actions baissent ?
Pas nécessairement. Tout dépend de la cause de la baisse. Parfois, dans des phases de liquidation générale, même l'or baisse temporairement car les investisseurs vendent tout pour obtenir du cash.
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Analyse réalisée le 17 octobre 2025. Les marchés évoluent, cette analyse ne constitue pas un conseil en investissement.